Sachez avant toute chose qu’un itinéraire rimbaldien sur la ville, et sur l’ensemble du département  des Ardennes, vous est proposé par l’Office de Tourisme de Charleville-Mézières.

Cet intinéraire, la Route Rimbaud - Verlaine, traverse également d'autres lieux importants dans la biographie de ces deux écrivains de génie : le village de Roche, la gare de Voncq pour Rimbaud et Rethel, ou Juniville, plus proprement verlainiens.

Vous êtes libres bien évidemment de le suivre à la lettre ou d’en faire seulement une partie, mais pour la portion qui nous intéresse, celle consacrée à Charleville même, nous vous conseillons, afin de faire sens, de le réaliser de manière chronologique.

Rendez-vous là ou tout commence, la maison où naquit Jean Nicolas Arthur Rimbaud le 20 octobre 1854. Elle est située 12, rue Bérégovoy. À partir de 1869, toute la famille déménage ensuite dans une nouvelle maison, qui en 2004, à l’occasion de l’année Rimbaud, a été aménagée sous l’impulsion de la mairie en « Maison des Ailleurs ».

La Maison des Ailleurs se trouve au 7, quai Rimbaud. Dédiée au poète, elle s’attache plus particulièrement à rendre compte de ses nombreux voyages : Paris, Londres, Bruxelles, Stuttgart, Aden, Harar… À travers des textes et des images projetés sur les murs et sur le sol, vous suivrez Arthur dans ses pérégrinations.

Dans chaque pièce une carte géographique sérigraphiée au sol, des projections de films sur les fenêtres, des sonorisations pertinentes. Bref, vous vous en rendrez vite compte, le dispositif et le parti pris de La Maison des Ailleurs sont volontairement novateurs et hardis, faisant leur la profession de fois du poète : « Il faut être absolument moderne ». Seule la façade extérieure est restée semblable à celle qu’a connu l’adolescent révolté et fugueur.

La visite terminée, marchez jusqu’à la place Jacques Felix. C’est là que Rimbaud étudia, au collège du Saint-Sépulcre, à l’endroit où se trouve aujourd’hui la bibliothèque municipale. En 2008, celle-ci fut transformée en médiathèque rebaptisée judicieusement « Voyelles », du plus célèbre et du plus discuté de ses poèmes.

Si une statue honore désormais cet élève très spécial, devant l’entrée du collège Arthur Rimbaud voisin, à l’époque il est pourtant loin de faire l’unanimité auprès du corps enseignant. Son principal dira d’ailleurs de lui : « Rien de banal ne germe dans cette tête, ce sera le génie du Mal ou le génie du Bien ». Dès son plus jeune âge, le poète inquiète autant qu’il fascine.

Situé dans l’ancien moulin de Charleville, qui enjambe la Meuse, le Musée Arthur Rimbaud évoque le souvenir de Rimbe, sa vie et son œuvre. Ce musée regorge de documents inestimables, lettres, correspondance, photos, portraits de famille, affaires personnelles du poète, ainsi que ses manuscrits originaux.

Parmi les pièces maîtresses, un croquis préparatoire du célèbre tableau « Le Coin de table » de Fantin Latour, sur lequel Rimbaud et Verlaine, dans une pose désormais mythique, semblent faire bande à part lors d’une réunion des « vilains bonhommes ». Mais aussi l’original manuscrit du sonnet « Voyelles » qui émerveille n’importe quel rimbaldien.

On resterait des heures devant chaque courbe de l’écriture du poète, à détailler chacune de ses ratures, à essayer de deviner chaque hésitation, chaque repentir, après chaque mot, comme pour mieux percer le mystère d’une inspiration si forte qu’elle semble se dérober à toute compréhension.

Les plus insatiables iront faire un tour jusqu’au square de la gare, plus au sud dans la vieille ville, soit en longeant les quais de la Meuse, pour une balade agréable, soit en coupant directement par les vieilles rues et l’avenue Jean-Jaurès (vous pourrez dans ce cas en profitez au passage pour vous arrêter à la boulangerie pâtisserie d’Alain Sutter, au numéro 7, une véritable institution à Charleville-Mézières, et y acheter pour goûter quelques délicieux gâteaux).

Chose curieuse, vous vous rendrez compte que le monument qui y fut élevé en 1901 en l’honneur de l’enfant du pays célèbre en fait bien plus l’explorateur et le voyageur que le poète à proprement parler. À bien y réfléchir la chose s’explique facilement : au début du siècle, l’œuvre poétique de Rimbaud commençant tout juste à être découverte, grâce aux efforts sans failles de Verlaine notamment, elle n’a donc pas eu le temps encore de prendre toute l’influence qu’elle va avoir par la suite dans le monde, un monde bouleversé et changé à tout jamais par les visions et la fulgurance d’un gamin de dix-sept ans.

C’est au cimetière de Charleville que finit ce trop court séjour sous le signe de Rimbaud, ici aussi que s’arrête la fuite en avant pour cet astre énigmatique et incandescent de la poésie moderne.
Le plus célèbre des carolomacériens (habitants de Charleville-Mézières) est donc enterré ici, après que sa sœur Isabelle eut fait rapatrier son corps depuis l’hôpital de la Conception de Marseille.

« Je m’ennuie beaucoup, je n’ai même jamais connu personne qui s’ennuyât autant que moi », écrit-il aux siens en 1888 depuis l’Abyssinie. Sous la stèle blanche où la fidèle Isabelle fit ajouter quelques vers des « Illuminations », il faut espérer que le poète Jean-Arthur Rimbaud, comme il est gravé dans son épitaphe, ait enfin réussi à trouver le repos qu’il poursuivit toute sa vie : « J’ai tendu des cordes de clocher à clocher / Des guirlandes, de fenêtre à fenêtre / Des chaînes d’or d’étoile à étoile / Et je danse ».

On l’a dit, Rimbaud était un marcheur infatigable, qui connaissait comme sa poche la campagne ardennaise, arpentée à maintes reprises, seul ou avec le pauvre Lélian, qui fut un temps son compagnon de misère.

Ce sont ces longues heures passées à user ses souliers sur les chemins menant à Roche ou à la gare de Voncq, d’où il fomentait d’autres évasions, plus lointaines celles-ci. Propices à la rêverie poétique, elles lui inspirèrent le sujet de Ma Bohème, un autre de ses poèmes en alexandrin les plus célèbres.

Nous vous proposons d'emprunter à votre tour les chemins menant à Roche, 40 km au sud de Charleville-Mézières, où la mère d'Arthur Rimbaud avait une ferme. Il vint ici à intervalles réguliers, tout au long de sa vie, d’abord pour y écrire « Le livre païen » ou le « Livre nègre » , qui allait devenir « Une Saison en Enfer », puis pour s’y reposer, dans les dernières semaines de sa vie.

À Roche, devenu aujourd’hui Chuffilly-Roche, la ferme familiale était à proximité du lavoir. C’est ici qu’il peaufina longuement le long poème du Bateau ivre qui devait marquer son entrée dans le petit monde parisien des lettres et lui servir de carte de visite. Sur la place se trouvent quelques sculptures et pancartes commémoratives.

Dans le petit village voisin de Voncq, la gare, où le train arrive alors depuis peu, va être un lieu des plus importants de la géographie rimbaldienne ; le point de départ de toutes les fugues, de tous les voyages. C’est encore depuis la gare de Voncq qu’il prendra le train une dernière fois, dans les derniers instants de sa vie, pour rejoindre Marseille où il décèdera. Aujourd’hui, on peut y admirer une sculpture hommage originale, intitulée : « L’homme aux semelles de vent ». Le quai de gare s’appelle désormais le quai Arthur Rimbaud.

Faites un détour par le village de Juniville, à quelques kilomètres de Rethel, où séjourna Paul Verlaine, avec son élève, Lucien Letinois, dans la maison qu’avait acquise la mère du poète en 1880.

La maison en question abrite désormais le Musée Verlaine, un lieu riche en histoire, où l’auteur des « Poèmes saturniens » vécut quelques-uns des rares moments heureux de sa vie, avant de devoir tout vendre, acculé à la faillite, et dévasté par la mort du jeune Letinois.

N’en déplaise aux fâcheux, on ne dira jamais assez le rôle important qu’a eu Verlaine pour la diffusion et la reconnaissance des œuvres de Rimbaud, et il fut le tout premier, et sans doute l’un des seuls à l’époque à savoir reconnaître et voir le génie derrière les provocations du jeune démon au visage d’ange.

Evénements à retenir

Juillet
Festival Marionnettes en Jardin
www.festival-marionnette.com

Août
Eco-festival « Le Cabaret Vert » (arts de rue, courts métrages, bd, concerts, village associatif, produits artisanaux, etc.)
www.cabaretvert.com
www.associationflap.com

Septembre
Festival international des marionnettes (tous les 2 ans)
www.festival-marionnette.com

Sites et adresses utiles

Comité Régional du Tourisme de Champagne-Ardenne

www.tourisme-champagne-ardenne.com

Office du Tourisme de Charleville-Mézières

www.charleville-mezieres.org

Comité Départemental du Tourisme des Ardennes

www.ardennes.com

Venir à Charleville-Mézières

En voiture
Paris-Charleville-Mézières : envion 2h20 via l'A4
Bruxelles-Charleville-Mézières : environ 2h
Reims-Charleville-Mézières : environ 1h via l'A34/E46

En train
Paris Gare de l'Est-Charleville-Mézières : environ 1h40 via TGV
Bruxelles-Charleville-Mézières : environ 4h via Thalys et TGV
Reims-Charleville-Mézières : environ 45mn via TGV
www.voyages-sncf.com

En avion
L’aéroport le plus proche est celui de Charleroi / Bruxelles - Sud (2h09 de trajet en voiture)
www.charleroi-airport.com